Alban est un roman à la fois poignant, dérangeant, révoltant
et émouvant. Parce qu’il parle des violences, du sordide vécu
parfois dans l’intimité des familles «bien sous tous rapports» ,
unies par le silence et cet « Amour » qui couvre tout…même
l’insoutenable et ce, avec la complicité d’une société qui sait
se révolter, lorsque le laid, l’atroce, est commis par « les autres »,
mais certainement pas par des personnes que l’on fréquente…
que l’on connait !
Alban est un coup de cœur; bien plus, un douloureux coup au cœur,
mais utile, parce qu’il dénonce !
Il s’agit ici de mes douceurs littéraires.
Entre chroniques, sélections et coups de cœurs ,
je vous invite à partager
mes lectures d’un jour,
mes lectures du moment…
mes lectures de toujours!
J’admire le livre qui me condamne à le lire .
Jean Rostand
Alban
de Berthrand Nguyen Matoko
( Edilivre )
» La vie est un perpétuel recommencement mais aussi une longue chute.
Et le plus important est de savoir tomber » . Confucius
Il arrive parfois, souvent, encore trop souvent, que le silence soit choisi,
afin de ne point abîmer l’image de la famille idéale.
Idéale parce que «bien sous tous rapports»:
beau couple, parcours professionnel irréprochable, aisance financière,
nombre d’enfants parfait (ici enfant unique),traduisant là un choix de vie
responsable et mature…
Oui, une famille admirable, issue de la bourgeoisie , où
règnent la retenue, les non-dits et autres secrets de famille,
ne laissant aucune place à l’épanchement émotionnel, ou
autre faux pas public…ce serait tout simplement faire injure
à cette sacro-sainte condition sociale.
Cette famille idéale est celle dont est issue Alban, personnage principal
de ce roman qui porte son nom; et c’est aussi celle qui va lui-même former
plus tard, retournant vivre chez lui, à Bordeaux. Ville dont il s’était pourtant
éloigné à cause d’un tas de tout étouffé…d’un tas de tout emprisonnant.
Mais est-il possible de fuir son passé, qui plus est aussi douloureux?
Et comment construire sa vie, bâtir une famille, sans reproduire
un schéma, une histoire qui jamais n’a été réglée?
En lisant ce roman, c’est de cette réalité là qu’il s’agit.
Cette réalité qui de plein fouet nous pousse à nous poser et à
nous questionner pour de vrai…
Alban est un roman à la fois poignant, dérangeant, pénible, révoltant
et émouvant. Parce qu’il parle des violences, du sordide vécu
parfois dans l’intimité des familles «bien sous tous rapports» ,
unies par le silence et cet « Amour » qui couvre tout…même
l’insoutenable et ce, avec la complicité d’une société qui sait se révolter,
lorsque le laid, l’atroce, est commis par « les autres », mais certainement
pas par des personnes juste à côté de soi. Des personnes que l’on admire,
que l’on connait…avec qui l’on partage une forme d’intimité!
Quel coup de cœur …Je vous le conseille !!!
Extrait :
» « Merci Monsieur ». des larmes coulèrent de ses joues qu’il s’empressa
d’essuyer. Alors le gamin lui dit : » Vous pleurer Monsieur? »
« Non, jeune homme. J’ai de la poussière dans mes yeux, c’est tout ».
A cet instant, la mère qui avait suivi toute la scène, s’approcha et
remercia à son tour Alban puis prit son fils dans ses bras en lui chuchotant:
» Je t’ai toujours dit qu’il ne faut pas parler aux inconnus ».
Tristesse s’ensuivit pour Alban qui sentit sur le coup son enfance
rattrapée par son propre destin. Lui qui ne parlait jamais aux inconnus,
il n’avait pas échappé au pire » ( p.142)
Alban est en vente ici:
A propos de l’auteur :
Son Interview gourmande ici :
Un livre qu’on quitte sans en avoir extrait quelque chose
est un livre qu’on n’a pas lu.
Antoine Albalat